
Une gueule d’un rapace,
avec un grand bec qui crie. L'île Gonaïves c’est la langue. Il crie comme les
coqs ici, tout le temps, toute la journée. L'omniprésence des coqs et des
poules… ça doit être l'influence du vaudou.
>> Si PAP était un fruit ?
Un fruit pas mûr. Quand
tu le manges, il te laisse longtemps un goût âpre et amer dans la bouche.
Pourtant quand il est mur, il est très bon, c'est un super fruit qui te donne
envie de le manger, genre une amande. Mais tu te dis, « Allez! C'est le premier de la saison »
et tu croques. El là… tu découvres qu’il n’est vraiment pas mûr. En plus c’est
un fruit à coque. Pour la casser, il t’a fallu du temps.
>> Si PAP était un fruit ?
Une hyène. Ça rie fort,
ça se moque, ça se déplace en meute. Elle n’est pas très propre, elle peut
faire peur mais au même temps c'est un animal un peu exotique pour moi. Ça
survit, ça peut marcher longtemps dans le désert. Elle se gratte parfois, mais
elle se sent bien dans la poussière, dans la jungle urbaine. Ça ne m'étonnerait
pas d’en voir une ici dans la rue. C’est le coyote local (qui est aussi symbole
du passage des frontières).
>> Si PAP avait une mère ?
Comme si elle était
construite dans un cœur qui grossit : ça gonfle, ça dégonfle. Une membrane
mouvante, instable avec des veines ; tu as vu la structure des rues? Ici
c’est l'anarchie religieuse. À la fois hyper bordélique et super cadrée. Pleine
de théorie sans aucune solution pragmatique. Un beau rêve, mais un dur retour à
la réalité. Il y a un truc que je ne comprends pas : Pourquoi après le séisme,
les gens sont retournés à l'église?
>> Si PAP avait un père ?
Un prince absent. Port-au-Prince
sans prince. Un père absent qui n'a pas fait son éducation.
Un fantôme, un idéal qui
n'est jamais venu, ou qui est venu et qui est reparti.
>> Si PAP était un dicton ?
D'impossible à possible
De possible à difficile
De difficile à facile
De facile à attendre
Potentiellement tout est possible, mais au final tout
le monde attend que ça vienne tout seul.