Ce sont 17 heures et quelques.
La BITH nous a raconté ses trois projets pour Les Quatre Chemins: L'Attente, Le Bus et La Txacka. Après un moment de discussion conceptuelle sur ces trois projets, on propose de trouver une liaison, une ligne argumentale qui peut lier les trois histoires entre elles pour trouver le lien du discours. Qu'est-ce qu'ils vont raconter?
L'attente est une tentative artistique de critiquer le processus burocratique des administrations de la ville, même si elles sont privées ou publiques. Ils ont une forme préfigurée, mais il manque encore le sujet, la cible de la question. Le bus est un parcours en bus, avec des personnages et des situations qui se déroulent pendant un trajet dans un bus réel.
Après notre conversation dans un coin ombré a l'extérieur du bâtiment de la Fokal, Eliezer nous propose de prendre un bus pour mettre en practique toutes nos interrogations.
Et, voilà, on parte avec Eliezer, Regina, Vladimir et sa fille Letizia pour prendre un bus et nous débrouiller toutes seules. Ça veut dire, deux nanas fluo dans un bus portauprinçais essayent d'arriver au point prévu, sans l'aide de nos copains haitiens, qui viennent avec nous.
On commence l'operation Dédale. Le trajet du bus a pour terminus la rue Dédal.
Le bus se rempli rapidement. Il n'y a pas de place pour bouger et la musique sonne à fond a l'intérieur. Les quelques questions posées aux voisins qui sont assis à côté de nous sont presque inutiles. On entend rien et les réponses tombent sur le bruit de la vie urbaine. Payer le billet du trajet est une galère historique. C'est impossible de déchiffrer combien ça coute 2 billets, et le controleur monte et descende plusieurs fois pour nous faire comprendre le prix, en français, en créol, en signes, en dollards, en gourdes. Finalement, notre mission ici est à la hauteur du nom de la rue.
Tout le monde nous regarde, nous sommes les étrangères.